Un contexte de forte tension médicale
Avec seulement 5 médecins généralistes pour 10 000 habitants, Vitry-sur-Seine se situe bien en dessous de la moyenne régionale francilienne (7,1 pour 10 000). Ce déficit, combiné au vieillissement des praticiens (près de la moitié des médecins de ville ont plus de 60 ans), crée une situation d’accès aux soins préoccupante.
Face à ces difficultés, la mission « accès aux soins » confiée par la loi aux CPTS prend tout son sens : accompagner les personnes sans médecin traitant, notamment celles en affection de longue durée (ALD), et leur permettre de retrouver un suivi médical régulier et coordonné.
L’IPA, un maillon essentiel pour les personnes en ALD sans médecin traitant
Depuis le début de l’année, un infirmier de pratique avancée (IPA) est mobilisé par la CPTS pour contacter les habitants identifiés par l’Assurance Maladie comme étant sans médecin traitant. Cette mission s’appuie sur des appels, des SMS et messages vocaux pour informer les personnes et leur proposer une évaluation médico-sociale.
Lors de la soirée, Antoine Mione, IPA, a partagé ses premiers résultats. Environ 130 personnes ont déjà été contactées, et une vingtaine d’entre elles ont bénéficié d’une évaluation complète suivie d’une orientation vers un médecin du territoire. Si ces premiers pas sont encourageants, ils révèlent aussi les limites du dispositif : liste fournie par la CPAM peu qualifiée (sans âge, ni pathologie, ni indicateurs de fragilité), difficultés de prise en charge par les médecins du territoire déjà saturés, obstacles liés à la prise de rendez-vous en ligne pour les nouveaux patients. La méfiance légitime des usagers de santé vis-à-vis du démarchage téléphonique ne facilite pas non plus la prise de contact par les professionnels.
Les échanges ont permis de dégager plusieurs pistes d’amélioration :
Les certificats de décès : clarifier les rôles et sécuriser l’organisation
La deuxième partie de la soirée était consacrée à un sujet sensible : l’organisation des certificats de décès. Depuis peu, la réglementation permet aux infirmiers formés d’établir ces certificats, afin de pallier la pénurie de médecins disponibles, notamment la nuit et le week-end.
Si cette évolution représente une avancée pour répondre aux besoins des familles et des services de premier secours, elle soulève encore beaucoup de questions : manque d’information des acteurs (SAMU, police, pompiers, pompes funèbres, mairies), organisation inégale de la régulation par le 15, difficultés pour les professionnels à gérer la charge émotionnelle de certaines situations (décès survenus au domicile, parfois dans des conditions difficiles).
Les participants ont proposé de mettre en place un protocole territorial clair, partagé entre tous les acteurs concernés. Ce document devra préciser les rôles de chacun pour renforcer la coordination entre les acteurs du territoire.
Une dynamique collective à poursuivre
Cette soirée a montré combien les difficultés d’accès aux soins et de prise en charge de la fin de vie appellent des réponses coordonnées. Les solutions ne peuvent venir d’un seul acteur : elles doivent être construites ensemble, entre soignants de ville, hôpitaux, structures médico-sociales et services de secours et d’urgence.
Les prochains mois seront consacrés à deux priorités : améliorer le fichier et le parcours d’orientation des personnes sans médecin traitant, et bâtir un protocole territorial partagé pour les certificats de décès. Ces démarches s’inscrivent pleinement dans les missions socles de la CPTS : garantir un accès équitable, coordonné et digne aux soins pour tou.te.s les habitant.e.s de Vitry-sur-Seine.